On a testé pour vous: les cinq villes les plus froides de Russie

TASS
Dans certains endroits de la Russie, une température de −30 °C en hiver n’est pas un temps froid pour les locaux. Nous avons testé personnellement cinq villes qui vous garantissent un voyage véritablement glacial, extrême et d’autant plus inoubliable.

La vie dans le nord de la Sibérie russe est un hiver quasi-éternel : crissement de la neige sous les bottes, nuits polaires noires, baies prises dans les glaces et bottes de feutre ou fourrées obligatoires. 

Verkhoïansk

La petite ville de Verkhoïansk (à 4 675 km de Moscou) ne compte qu’un millier d’habitants. Fait intéressant, les scientifiques et les météorologues n’arrivent toujours pas à s’entendre pour savoir si le « pôle du froid » se trouve à Verkhoïansk ou à Oïmiakon (les deux villes se situent dans la République de Sakha). Mais pour les simples habitants de ces recoins gelés de la planète, cette discussion n’a pas d’importance : une différence de  −2-3 °C ne change rien au fait qu’à Oïmiakon comme à Verkhoïansk (la température la plus basse de l’histoire de la ville atteignait -69,8 °C) un froid extrême règne en hiver. Il n’est dès lors pas étonnant que depuis le 19e siècle, les révolutionnaires, les rebelles et les décembristes aient été exilés à Verkhoïansk. Ainsi, Wacław Sieroszewski, ethnographe et spécialiste de la Sibérie russo-polonais, y a vécu en exil pendant 12 ans (1880—1892). Pourtant, même envoyé de Pologne dans ces contrées gelées, Wacław Sieroszewski ne s’est pas laissé démonter : il s’est marié avec une Iakoute, s’est consacré à l’ethnographie et, au final, a écrit le livre Les Iakoutes. Expérience de recherche ethnographique. En effet, que faire d’autre pendant les longues nuits polaires ?

Norilsk

Crédit : Anna Grouzdeva

Norilsk, situé au nord du kraï de Krasnoïarsk (à 2 878 km de Moscou) est l’une des villes les plus froides et polluées de Sibérie : on y extrait le palladium, la platine, l’or, l’argent, le nickel, le cobalt et le cuivre. Malgré cela, Norilsk est une ville belle et intéressante où l’on peut se promener aussi bien par -30 °C en hiver que par +30 °C en été. Rendez-vous, par exemple, au musée ethnographique pour lire les lettres des prisonniers de NorilLAG (les camps de concentration locaux, ndlr) ou découvrir des pièces ethnographiques rares comme les costumes des chamans, des Evenks et des Nganassanes. Après une promenade dans le froid, vous pouvez acheter des raviolis à la viande de renne dans un supermarché et regarder, en dînant, la série de photos Days of Night — Nights of Day réalisée par Elena Tchernichova sur Norilsk : elle lui a valu un prix de World Press Photo l’année dernière.

Dikson

Crédit : Lori/Legion Media

Dikson est le village le plus septentrional de Russie, situé dans le kraï de Krasnoïarsk, sur la mer de Kara (à 2 729 km de Moscou). La « capitale de l’Arctique », son surnom depuis l’époque soviétique, était naguère le plus grand port russe (d’ailleurs, en été, on peut rejoindre Dikson par le fleuve Ienisseï en bateau).

Le climat y est plus rude qu’à Norilsk : les nuits polaires sont noires, le mercure chute en dessous du zéro dès le mois de septembre, la neige ne fond qu’en juin, parfois plus tard, et des compétitions de ski sont généralement organisées en mai. Souvent, on assiste à la « tempête noire » : une tempête de neige avec des vents de plus de 40 mètres par seconde qui se transforme en ouragan. Les locaux racontent que les chiens errants et les barils de carburant vides, nombreux sur la côte, se mettent alors à voler dans les airs.

Pourtant, à Dikson, on peut réellement se sentir à l’extrémité de l’Arctique glacial, ressentir toute la puissance de la mer de Kara, voir des bélougas, des morses et, bien sûr, des aurores boréales.

Iakoutsk

Crédit : Anatoli Falamov/RIA Novosti

« À mon arrivée à l’aéroport d’Iakoutsk, je me sens épié – non à cause de mon apparence, mais parce que les curieux, je suppose, veulent savoir comment le seul « touriste » s’habille pour affronter le genre de froid que seuls les gens habitant dans cette partie du monde bravent presque au quotidien », racontait le photographe suisse Steeve Iuncker à propos de son reportage à Iakoutsk (à 4 880 km de Moscou). En effet, se rendre dans la ville la plus froide de Russie sans vêtements chauds adaptés en plein hiver est une aventure risquée : la température moyenne dans la capitale de la République de Sakha est de -40 à -50 °C (− 64 °C au plus bas).

Malgré les conditions de vie extrêmes, la ville des diamants, des maisons sur pilotis (le pergélisol rend la pose des fondations trop longue et onéreuse) et des mammouths compte près de 300 000 habitants. Un couple d’amoureux iakoutes a même établi un record de baiser par −30 °C : 22 minutes.

La meilleure stratégie pour visiter Iakoutsk en hiver est de courir d’un lieu culturel à un autre. Du Musée du mammouth qui accueille des squelettes géants au Musée du pergélisol où l’on vous fournira des bottes de feutre et présentera tous les types de glace, du Musée du Khomus (harpe miniature, ndlr) au musée des bijoux pour admirer un diamant. Ensuite, direction le restaurant pour goûter le poisson féra ou la viande de renne ou de jeune cheval.

Doudinka

Crédit : Anatoli Strounine/TASS

Doudinka (à 2 801 km de Moscou) vaut le voyage pour la Journée de l’éleveur de rennes, organisée annuellement dans la ville et dans les villages voisins de Syndassko, Potapovo et Popigaï en mars. En ce jour glacial, les Nénètses, les Evenks, les Dolganes, les Nganassanes et les Énètses se parent de leurs plus beaux costumes nationaux et organisent des courses de rennes – un spectacle que l’on verra rarement, car les peuples autochtones errent loin dans la toundra. Par ailleurs, à l’atelier Mukustur ou à la Maison de l’artisanat, on peut acheter des bottes en fourrure de renne brodées aux motifs nationaux— leur qualité est confirmée d’hiver en hiver. Comme à Iakoutsk, vous pourrez y acheter des bijoux rares – broches et autres joyaux en défense de mammouth qui vous rappelleront ces terres lointaines gelées. 

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

À ne pas manquer

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies